Santa-Cruz, 28 mars, vers 9h1/2 |
Un p'tit coquelicot
Elle était veuve, elle était pauvre. Elle avait un fils, mais quel fils ! Beau comme un astre au ciel d’été. Or, un jour, elle tomba malade. Plus un fruit, plus un grain de blé.
- Mon enfant, nous risquons la mort, dit-elle, pâle sur sa couche. Prends ma robe de mariée, c’est le seul bien que j’eus jamais. Va la vendre en ville, à des riches !
Son fils avec la robe blanche s’en alla par le chemin creux. Il se perdit sous les nuées. Au soir sa mère s’inquiéta. Minuit. Vint l’aube. Folle angoisse. Dans son châle elle s’enveloppa et courut pieds nus sur la lande. Elle parvint au bord d’un ravin.
- Mon fils, mon tout beau, cria-t-elle, par tous les saints, es-tu au fond ?
- Mère, aidez-moi, j’y suis tombé, répondit une voix menue.
Elle lui tendit son châle noir. Riant, pleurant, ils s’étreignirent. Ils s’en retournèrent chez eux. Or, comme ils allaient sur la plaine, ils virent la terre couverte de fleurs rouges parmi les rocs. Pourtant n’étaient là, avant l’aube, qu’avoine sauvage et buissons. Elles étaient nées des pieds en sang de celle qui avait couru, cherchant son enfant dans la brume. C’est ainsi, dit le conte rouge, que sont nés les coquelicots.
De ce jour, la veuve et son fils vécurent sans plus de souci. L’abondance vint à leur porte. Qui les voulut heureux ? Mystère. Qui créa l’amour ? Nul ne sait. Il fleurit partout sur la terre. Cherche-le, il n’est pas caché.
sourire reconnaissant
RépondreSupprimerQue vous l'aimiez me le fait aimer d'autant plus.
RépondreSupprimer