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jeudi 31 juillet 2025

Petites choses (140) élégantes

 

une abaya ? elle est magnifique dans sa grande robe colorée, chevelure couverte d’un voile vert parfaitement dans la nuance, trois boucles brunes échappées sur son front, s’enrouler à l’intérieur le temps d’une petite sieste sur la ligne de bus Toulouse/Bilbao

mercredi 30 juillet 2025

vieillir (74)

 promenade matinale par le petit ravin du Hédas, à gauche le château sur sa motte, à droite la maternelle de l’école Marca, récréation, cris suraigus, lever les yeux, des enfants se pressent au grillage, agitent leurs mains, reprennent leurs cris de plus belle, prêter l’oreille La mamie, la mamie ! regarder autour de soi, personne, vous allez passer, signes et gestes deviennent frénétiques, comprendre La mamie c’est vous, des signes encore, un de leurs jouets est passé de l’autre côté, grimper le haut talus, dans l’herbe un petit palet de sable empaqueté ficelé dans un bout de tricot coloré, le leur faire passer, Merci La mamie

lundi 28 juillet 2025

vieillir (73)

Vingt-cinq ans de compagnonnage, il a quatre vingt-six ans, elle cinq de moins. Lui dans sa petite maison en haut de la vallée, elle dans le creux. Ensemble les fins de semaine chez lui, dans le cocon du chalet en bois conçu aménagé de ses mains, ensemble des balades en montagne, ensemble des escapades à l’Océan, les vélos dans la voiture. Puis, la santé qui se dégrade, il tombe parfois, ballet des aides à domicile, il se perd un peu dans le temps, renonce à son petit poulailler, donne son chat au voisin mais achète encore une voiture, rester un homme, elle l’aide un peu beaucoup s’en veut de pas plus, et c’est l’Epahd, deux semaines seulement, il ne supporte plus, rugit, éructe, menace, traitement de choc, le voilà sur fauteuil roulant, la becquée, elle l’appelle chaque jour, le voir non, encore sous le choc la dernière visite, il ne poursuivra plus personne dans les couloirs, couteau de cantine à la main, le frêle Hubert

dimanche 27 juillet 2025

Lu et vu (158)

 Lu

Ce qui reste de nos vies de Zeruya Shalev

Depuis des années, il se bat contre les institutions les plus puissantes, l'État, l'armée, les services de sécurité, il se bat pour des terres et des indemnisations, des troupeaux et des cabanes en boue, des taudis et des cuvettes de cabinets, oui, parce que c'est là que réside la dignité des malheureux pris entre les feux croisés de forces qui les dépassent, la dignité de Haled, un ouvrier de seize ans qui travaillait chez un marbrier jusqu'à ce qu'une grue lui lâche une pierre tombale sur le dos, depuis il est paralysé, mais comme il n'était pas déclaré, son patron s'en lave les mains, sa famille n'osera pas porter plainte car juste après, le jeune frère a été embauché dans l'entreprise, qui essayera d'obtenir des indemnités pour ce gosse, qui donc s'occupera de Hala, une jeune femme qu'on allait expulser vers la Jordanie en violation totale du droit fondamental de mener une vie privée et familiale normale, qui interviendra pour ces trois enfants grièvement blessés par l'ancien obus de mortier avec lequel ils jouaient, qui s'occupera de ces tribus en voie de disparition, ces âmes libres du désert, ces Bédouins, fiers nomades qui sont à présent réduits à ramasser les ordures aux abords de nos villes ? Rares sont ceux qui acceptent de défendre les faibles, les cerveaux les plus brillants se mettent au service du pouvoir, c'est tellement plus excitant de représenter le gouvernement, les banques, les nantis ! Mais toi, quand tu enfiles ta robe dans la salle d'audience, c'est justement là que tu te sens puissant, en plaidant pour les désarmés et les humiliés face au système capable de les broyer, parfois même tu arrives à gagner et alors tu ne te sens plus du tout démuni, sauf que ces dernières années tu peux compter tes victoires sur les doigts de la main (…) p 86


Je t'ai toujours dit qu'un enfant me suffisait amplement et je suis ravi que tu aies enfin compris qu'effectivement c'était une chance, il hoche la tête tandis qu'elle accuse le coup en se crispant davantage puis elle se lève, va s'asseoir sur ses genoux, pose le front sur son épaule tant elle a besoin d'un contact apaisant, non, Amos, tu n'y es pas du tout, lui chuchote-t-elle dans l'oreille, je viens de comprendre ce que nous devons faire, je sais que tu vas d'abord trouver mon idée insensée mais après, tu y réfléchiras toi aussi et tu verras combien ce sera merveilleux pour nous trois. De quoi parles-tu ? demande-t-il en remuant nerveusement sur sa chaise au bois fissuré par la pluie et le soleil, eh bien voilà je... cette question l'oblige à assumer pour la première fois les mots clairs, pas les quelques syllabes nébuleuses qui ont plané dans la chambre de sa mère, pas non plus les pages silencieuses qui ont défilé sur l'écran de son ordinateur, elle hésite un peu puis se lance à voix basse, je veux adopter un enfant.

Quoi ? rugit-il, à moins que ce ne soit qu'une impression parce que son oreille est presque plaquée à la bouche d'Amos, elle bondit sur ses pieds mais c'est peut-être lui qui l'a repoussée car à présent il la toise de bas en haut, les verres de ses lunettes scintillent d'ahurissement, adopter un enfant ? D'où ça sort, là, tout à coup ? Tu dérailles, Dina, ou bien c'est pour te moquer de moi ? Elle réintègre sa chaise en face de lui, où se cache son sens de la repartie, pourquoi disparaît-il dès qu'elle en a besoin, pourquoi les arguments ne lui viennent-ils pas avec la même fluidité que les facteurs de l'expulsion des Juifs d'Espagne qu'elle cite en cours, écoute-moi avant de monter sur tes grands chevaux, dit-elle, nous n'avons qu'une fille et elle est grande maintenant, dans quelques années elle va quitter la maison, mais moi, je sens que j'ai encore trop de choses à donner, si tu savais comme j'aime être mère, alors pourquoi ne pas sauver un enfant qui n'a pas de foyer et nous sauver nous aussi par la même occasion, pourquoi ne pas donner un sens à notre vie au lieu de vieillir et de nous rabougrir, tu ne vois pas à quel point ça serait merveilleux ? 

Absolument pas, répond-il sèchement, je n'ai pas besoin d'être sauvé et je suis désolé d'apprendre que tu as peur de te retrouver en tête à tête avec moi après le départ de Nitzane, c'est n'importe quoi, je ne comprends vraiment pas quelle mouche t'a piquée, heureusement que tu aimes être mère, parce que Nitzane, grande ou pas, reste ta fille et aura besoin de toi toute sa vie, de plus, tu as aimé être la mère de Nitzane mais comment peux-tu être sûre que tu aimeras être la mère d'un enfant qui n'est pas le tien et qui te mettra face à des situations que tu ne peux même pas imaginer ! Adopter, c'est un saut dans le vide, si tu savais le nombre d'histoires abominables que j'ai entendues là-dessus, le fils de mon rédacteur par exemple avait un ami qui vient de se suicider à dix-huit ans, un pauvre môme adopté au Brésil, tu n'as pas idée de l'enfer qu'ils ont vécu à cause de lui, c'est ce que tu veux, transformer notre vie en enfer?

Tu ne cesses de me parler de gens qui se suicident, lui susurre-t-elle étonnée, tu cherches à me donner des idées ou quoi? Elle s'empresse de ponctuer sa question par un petit rire pour qu'il comprenne que c'était une plaisanterie, même si le tour conflictuel de cette conversation la secoue jusqu'au plus profond d'elle-même, tu dérailles complètement, Dina, reprend-il, évidemment que je ne suis pas contre l'adoption, mais ça dépend des cas, c'est toujours un pari fou, il faut avoir les épaules sacrément larges pour tenir le coup et toi, tu es plutôt du genre à paniquer au moindre problème, tu ne veux pas la difficulté, tu veux le bonheur, lâche-t-il avec amertume, alors tu es en train de te fourvoyer, ma chérie, prends un amant si tu t'ennuies avec moi, crois-moi, ce sera plus simple.

Pourquoi dis-tu n'importe quoi, braille-t-elle les lèvres frissonnantes, je te parle d'élever ensemble un autre enfant et tu m'envoies dans les bras d'un autre homme, je veux que nous retrouvions le bonheur qu'on a connu à la naissance de Nitzane, un enfant c'est une vie nouvelle, un sens nouveau, surtout si c'est un orphelin qui, sans nous, serait resté dans une institution sordide, mais il la coupe avec impatience, Dina, laisse tomber, tu ne fais que réciter bêtement des formules toutes faites, tu ne sais rien de ces mécanismes, d'ailleurs, il y a plus d'adoptants que d'enfants adoptables, plus de demandes que d'offres, alors ne te berce pas d'illusions en te persuadant que tu sauveras vraiment un pauvre gosse, si ce n'est pas toi, c'est quelqu'un d'autre qui le prendra, et certainement dans un pays moins dangereux que le nôtre.

Tu te trompes, je le sauve parce que, nous, nous avons beaucoup à lui apporter, s'entête-t-elle, je le sauve même si quelqu'un d'autre l'aurait pris, je le sauve parce que nous sommes des parents expérimentés, que nous avons une bonne situation, qu'il aura une sœur merveilleuse et que je pourrai lui consacrer énormément de temps.

Ça, c'est sûr, du temps, tu en auras pléthore puisque tu seras licenciée si tu ne termines pas ta thèse, ironise-t-il sans sourciller, mais on n'adopte pas un enfant pour occuper son temps libre. Je comprends les gens qui aspirent à ce qu'on les appelle maman ou papa, mais toi, tu as une fille, tu ne vois pas que c'est une différence fondamentale? Tu es déjà mère, ça devrait te suffire, tu dois te contenter de ce que tu as et ne pas en demander plus. Si tu veux mon avis, c'est lié à la ménopause, et toi, comme d'habitude, tu choisis de traverser cette crise de la manière la plus originale qui soit, mais il faut que tu te mettes bien ça dans le crâne, et il souligne son propos en se penchant vers elle au-dessus des verres de vin et des bols de soupe de yaourt vides, un enfant ne te rajeunira pas, un enfant ne réparera pas tes erreurs, un enfant ne nous rendra pas plus heureux, tu ne peux pas prendre un pauvre gamin et le charger d'espoirs fous qui n'ont rien à voir avec lui. Bref, Dina, au lieu d'essayer de recréer un paradis perdu qui de toute façon ne reviendra pas, tu dois accepter ce que tu as et voir comment tu peux apprécier ta vie telle qu'elle est, tu comprends ?

Comment peux-tu être aussi sûr de toi, proteste-t-elle tandis qu'elle palpe ses côtes douloureuses, le plus facile, c'est de dire que je suis folle sans même essayer d'examiner la chose, mais il la coupe de nouveau, il n'y a rien à examiner, tes motivations sont nauséabondes et tu sais quoi, même si elles émanaient du sentiment le plus noble et le plus pur, moi, ce truc ne me convient pas du tout. Je me sens suffisamment père avec la fille que j'ai, même si elle commence à avoir une vie à elle, je ne suis plus tout jeune, tu oublies que je vais sur mes cinquante-cinq ans, alors la dernière chose dont j'ai envie, c'est de courir après un bébé qui ne sera même pas de moi. Qu'est-ce qui va me rattacher à lui ?

Et qu'est-ce qui me rattache à toi, se demande-t-elle en fixant hargneusement les lèvres qui lui assènent leurs arguments avec une désarmante fluidité, elle a l'impression que jamais il n'a parlé avec un tel débit, aussi étrange que cela puisse paraître, des deux, c'est lui qui est le mieux préparé à cette conversation, qu'est-ce qui me rattache à toi, elle se lève de sa chaise dans un élan furieux, avec l'envie de tout balancer en bas, les verres et les bols, entendre son rêve se fracasser dans la cour dallée des voisins, non, elle ne va pas battre en retraite si vite, alors elle dit, Amos, je ne renoncerai pas, elle sait que ses lèvres se déforment et que des lambeaux de la serviette en papier rouge tremblotent sur son visage, elle sait qu'il la considère en cet instant comme une malade mentale et que cela ne l'ébranle pas le moins du monde, Amos, je le ferai, je ne peux pas renoncer cette fois. Tu as besoin de te faire soigner d'urgence, ça fait déjà un certain temps que tu ne vas pas bien, articule-t-il en se dressant devant elle, ne crois pas que je ne m'en sois pas rendu compte, c'est juste que je ne pensais pas que ça irait si loin.

Comme c'est facile pour vous de nous qualifier de folles des que nos aspirations sont contradictoires aux vôtres, ricane-t-elle même si, intérieurement, elle n'est pas certaine de trouver beaucoup de femmes prêtes à la soutenir dans ce choix-là. Il la toise avec froideur, tu sais quoi, tu as peut-être raison, peut-être que c'est une erreur de ma part d'essayer de poser un diagnostic, alors je vais me contenter de te répéter ce que je ressens: pour moi, c'est exclu. Je n'ai aucune envie d'élever maintenant un petit enfant et tu ne peux pas me l'imposer. Désolé de te décevoir, si tu ne renonces pas, c'est simple, je me lève et je pars.

Et, comme pour illustrer sa menace, il se lève et il part, en un clin d'œil il n'y a plus personne, elle a l'impression qu'il n'a même pas pris le temps d'enfiler un tee-shirt ni de mettre des sandales, il s'est évaporé pendant qu'elle posait les assiettes tremblantes dans l'évier de la cuisine et se penchait sur le lave-vaisselle, à présent elle contemple la terrasse vide, la chaise vide, elle n'a même pas entendu claquer la porte, peut-être est-il encore dans l'appartement, mais quelle différence, la question n'est pas où est Amos en ce moment précis, mais que fera-t-elle, elle, maintenant qu'il lui a clairement indiqué sa position, que fera-t-elle du restant de ses jours, du restant de sa vie. (p 178-182)



Vu


Don Quichotte, ballet de Rudolf Noureev avec l’Opéra National de Paris, une co-production Opéra Bastille Arte France


Le rire et le couteau de Pedro Pinho

vendredi 25 juillet 2025

Bilbao, traces d’un passé


ALMACEN COLONIALES Y BACALAO Entrepôt des colonies et morue, dans le Zazpi Kaleak, le Siete Calles, le Sept Rues, rive droite du Nervión 

Bilbao Casco Viejo sur la gauche 8 juillet 25 21h45

jeudi 24 juillet 2025

Petites choses qui (119) piquent

Des hommes entre eux, ça parle de Roger, l’avisé Roger, un gros paysan, grosse ferme, gros troupeau, des terres dans tout le canton et même au-delà, un énorme tracteur, la remorque, pour aller d’une terre à l’autre, d’un bout de troupeau à l’autre des kilomètres de petites routes, comment le dépasser, piaffer derrière lui en voiture, Roger donc Alors à ce qui paraît il a réussi à passer sa prostate en maladie professionnelle ? Les regards s’allument, les têtes se rapprochent Je savais pas qu’on y avait droit. T’es sûr ? Faudra lui demander comment il a fait, sur le côté, une femme  Et je te parie que le glyphosate, les pesticides, Roger, il est pour, une autre, haussement d’épaules Oui, pas que lui, tous

mercredi 23 juillet 2025

Petites choses qui (118) surprennent

 Elle raconte Mon mari, un peu plus vieux que moi, me voulait toute à lui mais quand j’ai eu presque quarante ans il m’a dit Je vois combien c’est important pour toi, un enfant on va tenter, c’est maintenant ou jamais, on avait visé ce week-end là, si ça marchait ce qui dérangerait le moins nos vies, elle s’illumine de l’intérieur et se redresse, je revois ces deux jours, la montagne, le torrent, notre petite tente, la grande natte aux étoiles et même pas deux semaines plus tard, des vertiges la nausée, ni une ni deux, je fonce à la pharmacie, un peu tôt, on me dit, on pourra le refaire, pas besoin, grand rire victorieux, Bingo, positif le test de la lapine ! regards interloqués, Test de la lapine ? Ah ! Vous connaissez pas ? je suis née en 47, on disait comme ça alors. 

mardi 22 juillet 2025

petites choses (117) qui attristent




 la maladie,

la vieillesse,

la folie des hommes,

le feu,

la folie des dieux, 

la foudre, 

et ils meurent aussi, 

les arbres

stèles dans le paysage

dimanche 20 juillet 2025

Lu et vu (157)

 Lu

Des flocons de neige rouge de Jin Eun-Young

Vu

Parvis Leclerc Pau : expo photo

Des chiens et des hommes Michel Van den Eeckhoud et William Wegman 

à Avignon 

En attendant Godot mis en scène par Jacques Ozinski

Les parallèles écrit et mis en scène par Alexandre Oppecini 

 Montaigne, les Essais adapté et interprété par Hervé Briaux, mise en scène de Chantale de La Coste

Heureux les orphelins texte et mise en scène de Sébastien Bizeau

Face au mur  de Damien Droin, mise en scène de Damien Droin et Louise Aussibal, cirque compagnie Hors Surface

Cendres sur les mains, texte de Laurent Gaudé, mise en scène d’ Alexandre Tchobanoff

Le songe d’une nuit d’été mis en scène par Anthéa et Théodora Sogno

Rêves échangés à l’ombre du vent création collective de la compagnie fondée à Tapei par Sun Li-Tsuei

aux jardins du Palais des Papes lectures dans le cadre de Le Souffle d’Avignon

Galène de Karel Capek 

Un Bruissement de Fourmilières de Adeline Flaun proposé par ETC Caraïbes

samedi 19 juillet 2025

Petites choses qui (116) attristent

jour de marché à Avignon, sur la terrasse du traiteur libano syrien pas de place où savourer votre aubergine farcie, aviser un homme seul, café cigarettes briquet posés devant lui sur le guéridon, une chaise libre, hésiter puis après tout les cheveux blancs, une protection Je peux ? s’installer, l’observer, très brun, le cheveu gominé,  pochette Vuitton, penser Tu vois le genre se détester de penser Tu vois le genre il dira plus tard qu’il est d’Arles, votre cliché du gitan parcourant au galop de son cheval les étangs en bord de mer, son goût pour les voyages, un enthousiasme d’enfant pour évoquer Prague, une insistance, à plusieurs reprises Je suis Français, puis Ce festival je vous garantis qu’y a pas d’Avignonnais, que des touristes, non, je vous dis, des gens comme nous y en a pas, d’ailleurs je me marre, je les vois faire, tenez par exemple, ils tractent, des publicités à toutes les tables mais la mienne, ils me passent devant, et rien. 

vendredi 18 juillet 2025

mercredi 16 juillet 2025

Petites choses qui (115) amusent

 

à la boulangerie une manière légère d’annonce les congés : 

« Même les baguettes ont besoin de vacances!!

La boulangerie sera fermée du 18 au 25 août inclus.


On revient reposés... et bien dorés (comme

nos croissants) !


Bel été à tous ! »


mardi 15 juillet 2025

Petites choses qui (114) attristent

Elles discutent de la petite-fille d’une voisine. Tu dis que ça lui fait quel âge déjà ? dix, ça passe le temps et mignonne ? L’autre Ratonne. Sourcil interloqué, interrogatif aussi. Ben oui, elle est ratonne, le père, t’oublies ou quoi, y s’appelle Karim. 

lundi 14 juillet 2025

s’asseoir là (8)

 

Mont Ulia, Saint Sébastien 

dimanche 13 juillet 2025

Lu et vu (156)

Lu

Pour que chantent les montagnes de Nguyēn Phan Quē Mai

Vu 

Cinéma

Toute une nuit sans savoir de Payal Pakadia

Grand tour de Miguel Gomes

Jeunesse (retour au pays) de Wang Bing

Exposition 

au Guggenheim de Bilbao 

Helen Frankenthaler

Peindre sans règles 

Helen Frankenthaler (1928-2011) a joué un rôle majeur dans la transition de l'expressionnisme abstrait au color-field painting (littéralement « peinture du champ coloré »). Reconnue pour avoir inventé la technique du soak stain (tremper-tacher) sur laquelle elle expérimente pendant des décennies, l'artiste a conçu un corpus considérable d'œuvres sur toile et sur papier, ainsi que des sculptures, des céramiques, des tapisseries et des œuvres graphiques. Ses créations novatrices, présentes dans les collections des plus grands musées du monde, continuent d’'inspirer les artistes contemporains. 

Née à New York, Frankenthaler étudie l'art avec une approche classique sous la direction de Paul Feeley, au Bennington College, dans le Vermont, avant de rentrer à Manhattan, où elle s'est tournée vers l'abstraction. Au début des années 1950, elle rencontre les figures phares de l'École de New York, des icônes de l'art américain d'après-guerre qui partagent avec Frankenthaler un engagement en faveur de l'expérimental et qui, dans certains cas, intégreront son cercle social le plus proche. 

Helen Frankenthaler : Peindre sans règles met en lumière la pratique créative de l'artiste à travers ses affinités artistiques, ses influences et ses relations dans le milieu artistique. Rassemblant une trentaine d'abstractions poétiques signées par l'artiste entre 1953 et 2002, l'exposition comprend également une sélection de peintures et de sculptures de certains de ses contemporains -Anthony Caro, Morris Louis, Robert Motherwell, Kenneth Noland, Jackson Pollock, Mark Rothko et David Smith -, qui viennent souligner les synergies liant ces artistes. 

L'exposition trace un parcours chronologique qui commence dans les années 1950 et se termine dans la première décennie du 21ème siècle. Chaque section, accompagnée d'un texte explicatif, constitue un chapitre de la carrière prolifique de Frankenthaler. 

Peindre sans règles rend hommage à l'héritage d'une artiste pionnière qui n'a jamais interrompu sa quête de nouvelles voies de création dans le champ de l’art abstrait. 





Another day another night de Barbara Kruger


au Musée des Beaux-arts de Bilbao 

du Greco à Zuloaga



Augustin Ibarrola Euskadi, 1977-1979

Le principal témoignage graphique de cette intervention sont les photographies publiées dans les brochures des expositions individuelles d'Ibarrola à Barakaldo et Sestao, toutes deux en 1980. Les images, restaurées par le photographe Patxi Cobo, ont permis de reconstruire maintenant l'installation de la Salle Grise coïncidant avec le dépôt, par les héritiers de l'artiste, de 18 des peintures qui formaient cette grande peinture murale. Le musée récupère cet important ensemble artistique dans le cadre du programme Iberdrola-Musée de conservation et de restauration.

. Agustín Ibarrola, Euskadi, 1977-1979

extrait lien ci-dessus 

« La tension entre l'abstraction formelle et la représentation figurative relie des figures et des objets provenant du monde du travail manuel - de l'artisanat traditionnel à l'industrie - violemment intervenus par des lignes en noir et blanc qui représentent l'expérience oppressive des neuf années de prison qu'Ibarrola a subies pour son militantisme dans le Parti communiste d'Espagne. Des échelles, des perspectives et des pénombres forcées qui confinent des figures dans une sorte d'artefact de dénonciation et d'expression de l'art et de l'artiste en tant qu'agents sociaux en faveur de la démocratie. » traduction Google 


En 1979, le peintre Agustín Ibarrola (Bilbao, 1930-Galdakao, Bizkaia, 2023) a créé dans la salle grise du musée une peinture murale articulée ou "frise narrative" composée de 27 tableaux réalisés entre 1973 et 1977 - douze d'entre eux de 2 x 3,50 mètres -, qui, comme dans un cercle, couvraient tous les murs. En plus des peintures à thème politique et social, Ibarrola a inclus des œuvres géométriques et abstraites, ainsi que certaines des toiles de son monumental Guernica (c. 1977), acquis par le musée en 2021.


Le principal témoignage graphique de cette intervention sont les photographies publiées dans les brochures des expositions individuelles d'Ibarrola à Barakaldo et Sestao, toutes deux en 1980. Les images, restaurées par le photographe Patxi Cobo, ont permis de reconstruire maintenant l'installation de la Salle Grise coïncidant avec le dépôt, par les héritiers de l'artiste, de 18 des peintures qui formaient cette grande peinture murale. Le musée récupère cet important ensemble artistique dans le cadre du programme Iberdrola-Musée de conservation et de restauration.


à l’Alhondiga

Shiharu Shiota My House is your House

samedi 12 juillet 2025

par les sous-bois (14)

 

lacis de veines et rejets sur son tronc, comme une gestation secrète, enceint(e) il se porterait lui-même, être passée là si souvent et ne l’avoir jamais remarqué, inépuisable proche

vendredi 11 juillet 2025

Petites choses (113) qui réjouissent le cœur

temps lourd à l’orage, pas grand monde sur l’esplanade des halles, ça cogne dur. La voir de loin, elle court. Pantalons blancs, un peu lourde, la reconnaître, une des caissières du petit supermarché. Le rattraper. Un garçonnet, une dizaine d’années, et sa mère. À bout de souffle Tu as oublié ça. Dans sa main, un billet de cinq euro. Regard interloqué. Oui, tu m’as payé avec dix euro, je dois te rendre cinq. Un sourire hésitant, du mal à y croire, ils s’éloignent. Elle s’en retourne à pas lents, à nouveau la caisse, récupérer. 

mercredi 9 juillet 2025

un café à Bilbao, derrière le comptoir



« Nous n’avons pas le wifi, parlez entre vous. »

mardi 8 juillet 2025

dimanche 6 juillet 2025

Lu et vu (155)

 Lu

Grand frère de Mahir Guven

Faudrait quand même que j'apprenne à parler correctement parce que, si je dis ça à la mosquée, avec mon arabe mal appris de fils de Syrien et mon français de manouche, ils vont rien comprendre et je vais passer pour un kouffar. Qu'ils aillent niquer leur mère eux aussi.

Ils ont fait de l'islam une marque et ça me fout la migraine, mais j'arrive pas à l'expliquer. La vie, c'est terrible quand on a pas assez de mots, il faut que les autres vous écoutent deux fois plus pour vous comprendre. Du coup, la vie coûte plus cher. Rien que le psy ou l'avocat vous facturent deux fois plus parce que vous vous expliquez avec vos pieds. Eux aussi, ce sont des maquereaux. IIs sont là pour aider et soigner, mais si vous payez pas, ils vous disent avec politesse et élégance d'aller compter les nuages. (p 63)


J'ai garé ma voiture au parking de mon immeuble, et j'ai descendu l'arrondissement à pied pour rejoindre le commissariat. Il était 19 heures. Comme d'habitude, on m'a dirigé vers le premier étage.

Je suis entré dans une pièce. Le Gwen était assis en face de moi. Petit sourire de sale Français, de vieux Breton, briscard, fier de lui, menton pointu, cheveux courts sur les côtés, sourcils broussailleux, chemise ouverte, bleue, soyeuse, mais moche. Une vie à fliquer et mettre en cabane. Mais, ma parole, lui aussi on finirait par l'enfermer. Entre quatre planches de bois, dans un trou, et on l'enterrerait sans sourires, sans collègues, sans indic. Et personne pour lui porter des fleurs. Quoi qu'il arrive, la vie on la commence, on la vit et on la finit dans une boîte. D'abord le ventre de votre mère, puis un couffin, puis votre chambre, puis l'école, la discothèque, la voiture, l'entreprise, la maison, et à la fin ? Un cercueil. Toujours une boîte.

«Tout va bien, Callahan ?»

Harry Callahan, pour ceux qui connaissent, c'est un inspecteur de police retors incarné par Clint Eastwood. Une bouche comme une mitraillette de mots, l'un des héros de mon père.

«Bon, ta convocation c'est de la merde. T'as juste plus de points sur le permis, mon pote. Fini le VTC.»

J'ai pas compris immédiatement. Toute ma nouvelle vie, c'était grâce à Le Gwen. Le vieux keuf m'avait aidé à trouver un taf. (…) (p 93)


Sur mon balcon, je fais crépiter le joint pour oublier. Voici ma cage, ma bulle, mon mètre sur deux, mon monde. Il a plu, j'ai froid et le dessous des pieds mouillé. Je suis sorti torse nu, le vent frais rebondit sur ma peau. Moite et suspecte, la nuit a une odeur de pute en préretraite. Personne ne se promène à cette heure, les lampadaires n'éclairent que le goudron. Au loin, on entend des voitures qui circulent, y a plus que des taxis, des VTC ou des cramés de la tête par l'alcool ou la drogue. Quand je kille un pilon, j'aime bien garder la fumée dans mes poumons quelques secondes. Ça crépite devant mon nez, puis c'est chaud en bouche, dans la gorge et dans la poitrine. Les yeux fermés, là-haut c'est vaporeux, ça plane et je me sens bien, comme si j'avais posé mon sac à dos plein du poids du monde. (p 99)


Bleu de travail de Thomas Vinau

Vu

Cinéma 

Adieu Philippine de Jacques Rozier

Exposition 

Un certain Robert DoisneauMusée des Beaux-arts de la ville de Pau

samedi 5 juillet 2025

Petites choses qui (112) émeuvent


 au détour d’un sentier, un petit espace clôturé et une plaque 

« JOSE JAVIER ESCALADA CENTENO

20-9-1993


A LOS 18 AÑOS

EL MAR TE ARREBATO LA VIDA Y NOS DEJO EL RECUERDO DE TU ALEGRIA Y CARIÑO 


Tus amigos »


20-9-1993


José Javier Escalada Centeno 


Tu avais dix-huit ans quand la mer t’a arraché la vie et nous a laissé le souvenir de ta joie et tendresse. 


Tes amis »


trente ans plus  tard, qui parmi eux pour se rappeler, une vie à construire, ils ont essaimé, pourtant, vivace, un frêle rosier ploie vers la terre et pousse vers la lumière le prodige d’une rose, ils l’ont planté, un passant parfois se recueille, lit ce nom et le le ramène un instant encore parmi les vivants.


vendredi 4 juillet 2025

Fête-Dieu à Mendionde

 

Ils sortent de l’église, messe de dix heures et demie, pour aller jusqu’à l’autel dressé sur la place du village. 



on les guette le long de leur passage,  



Ne fais pas trop de photos, ils n’aiment pas ça ! Vêtements, armes de la garde napoléonienne, au pas, 


un moment de recueillement, des chants, des pétales de fleurs lancés par les enfants, et il est temps de remonter à l’église. 


L’après-midi retour à 15h30 pour les vêpres. 

une gravité, une solennité 



et déjà la sortie, des pétales encore  


les petits paniers ont été à nouveau remplis, un court spectacle encore devant l’église, on se sépare, l’année prochaine ce sera à Macaye. 

14 secondes 


12 secondes 

Extrait d’un entretien accordé par Père Marcel Etchehandy : dimension spatiale et cosmique de la Fête-Dieu

Le bénédictin Marcel Etchehandy a gardé quelques souvenirs d’enfance liés à la Fête-Dieu à Saint-Michel (Basse Navarre). Son père y officiait comme capitaine, il y avait des sapeurs et des soldats. Il se souvient aussi qu’à la sortie de l’église, le défilé arpentait les trois rues de son village en grande pompe. Les soldats étaient armés et tiraient des salves, ce qu’il n’a vu nulle part ailleurs. Ils chargeaient eux-mêmes leurs fusils avec de la poudre. Chaque village possède quatre grandes croix situées aux points cardinaux, et le village se trouve au milieu. Chaque année une procession se rendait successivement vers les quatre croix. Là, on faisait des prières, contre les intempéries ou pour s’efforcer de garder une maîtrise sur la nature. C’étaient donc des croix de rogations. À présent, tout cela se perd. Pourtant, il s’agit toujours de la même idée de cercles concentriques. Il faudrait s’interroger sur le pourquoi de cette organisation en cercles.

Marcel Etchehandy. Programme "Eleketa". 2012 © Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques - 19AV387, 413-414

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Père Marcel Etchehandy est né à Saint-Michel en 1932, dans une famille d'agriculteurs composée de six enfants (quatre garçons et deux filles). Deux des quatre garçons deviendront moines (Père Ignace est aussi bénédictin à l'abbaye Notre-Dame de Belloc), un troisième reprendra la suite de la ferme, une des filles suivra son mari basque aux USA, et la plus jeune deviendra religieuse.

(…)

Après son ordination, il enseignera pendant 10 ans au collège du monastère, sera membre de la Commission diocésaine d'art sacré puis se lancera à partir de 1967 dans un énorme chantier : la traduction de la Bible en langue basque. Ceci lui demandera une maitrise du grec, de l'araméen et de l'hébreu moderne ainsi qu'une connaissance parfaite du contexte historique de La Bible. Il passera dans cet objectif une année en Israël (1968), une autre à Strasbourg (licence de théologie) et enfin deux ans et demi à l'institut biblique pontifical international de Rome. La Bible en version basque verra le jour en 2008, presque 40 ans après qu'il en fut décidé ainsi...

Père Marcel a également contribué à la connaissance d'autres pans de la culture basque dont ceux de la danse dans la fête religieuse et de la symbolique présente dans l'art lapidaire basque. Agé au moment de l'entretien de 80 ans, l'homme profondément chrétien est à la fois engagé envers sa langue et sa culture, et ouvert sur le monde.

jeudi 3 juillet 2025

Parole de (10) gynécologue

 Ce n’était pas le bon compagnon, puis ce n’est pas allé à son terme mais, ça y est, à trente-neuf ans, la voilà enceinte de son premier enfant. Enceinte de presque quatre mois. Sa mère Elle est contente de sa gynécologue, contente surtout d’en avoir trouvé une, scrupuleuse, qui prend bien les mesures et tout mais dans les mots c’est pas ça, elle en peut plus de l’entendre lui parler de sa grossesse gériatrique. 

Pendant ce temps, chez nos voisins espagnols

Feijóo hace un guiño progresista y plantea que el Estado pague la congelación de óvulos - 
https://elpais.com/espana/2025-06-16/feijoo-hace-un-guino-progresista-y-plantea-que-el-estado-pague-la-congelacion-de-ovulos.html

Feijóo [leader du PP parti de droite] fait un clin d’œil progressiste et propose que l’Etat paie la congélation d’ovules (El País du 16 juin)

Extrait :

La ponencia política del PP que se aprobará en el próximo congreso del mes de julio incluirá algunos guiños progresistas. El nuevo ideario de los populares recogerá, según el documento al que ha tenido acceso EL PAÍS, ayudas públicas a la congelación de óvulos para las mujeres que quieran retrasar la maternidad. Hasta ahora, la Seguridad Social asume esta prestación solo para el caso de enfermedades que dañen la fertilidad, pero no por el mero deseo de posponerla, y las mujeres tienen que recurrir a clínicas privadas. El PP busca así “ensanchar su espacio político” hacia el centro, explican fuentes de su dirección, con una medida de corte social que apela también al voto femenino y joven, porque está dirigida a mujeres de entre 25 y 40 años.

La présentation politique du PP qui sera approuvée lors du prochain congrès de juillet comprendra quelques clins d'œil progressistes. La nouvelle idéologie des populaires comprendra, selon le document auquel EL PAÍS a eu accès, des aides publiques à la congélation des ovules pour les femmes qui veulent retarder la maternité. Jusqu'à présent, la sécurité sociale n'assume cette prestation qu'en cas de maladies qui nuisent à la fertilité, mais pas par simple désir de la reporter, et les femmes doivent recourir à des cliniques privées. Le PP cherche ainsi à "élargir son espace politique" vers le centre, expliquent des sources de sa direction, avec une mesure sociale qui fait également appel au vote des femmes et des jeunes, car elle s'adresse aux femmes âgées de 25 à 40 ans.