Rechercher dans ce blog
vendredi 21 juin 2024
jeudi 20 juin 2024
Conversation (31)
allée partagée de Gelos, un petit groupe de femmes, elles s’activent, sarclent, bêchent, midi bientôt, le soleil cogne dur, l’une Prenez donc un peu de mélisse et puis aussi de la menthe, c’est pas ce qui manque, vous n’osez pas ? c’est fait pour ça pourtant, on va ajouter de petits panneaux, et là de la sauge, oui, prenez, et là cette fleur jaune, elle fait rouler les petites boules dans ses doigts, sentez, c’est comme du curry, vous pouvez l’ajouter à vos préparations, du poisson par exemple, sa joie fierté à donner, repartir avec une brassée, quelques jours plus tard, un fier petit bouquet encore devant le grille-pain
mardi 18 juin 2024
vaille que vaille
dimanche 16 juin 2024
Lu et vu (104)
Lu
Les heures silencieuses de Gaëlle Josse
Ouragan de Laurent Gaudé
Le chasseur d’histoires d’Eduardo Galeano
La connaissance et l’extase d’Eric Pessan, éd. l’Attente
« (…) Mais un type accoudé au comptoir d'un bar, un type qui attend le versement de sa retraite en éructant sa haine, on fait quoi avec un type comme ça?
Un type qui souhaite la mort des musulmans, l'expulsion de tous les Français issus de l'immigration.
On l'aide comment?
Un type qui veut voir mourir les juifs, les hommes et femmes de gauche et de droite, comme les artistes, les musiciens, les comédiens, les écrivains, les danseurs et les peintres.
Quelle marge de manœuvre on a avec lui?
Un type qui aime l'idée de la mort de David Bowie.
On lui explique qu'il se trompe?
On lui dit qu'il a tort?
On lui fait lire l'Ancien Testament?
On lui fait lire le Coran?
On lui fait lire le Nouveau Testament?
On commence par l'asseoir pour lui parler?
On crie plus fort que lui?
On le frappe d'abord et on lui dit que l'on ne cessera de cogner qu'à condition qu'il change sincèrement d'avis?
Elle est où, la marge de manœuvre?
On monte un spectacle qu'il n'ira pas voir pour que des acteurs qu'il exècre incarnent les mots qu'il ne lira pas?
C'est quoi la solution?
L'art?
La littérature?
L'électricité?
La pince coupante?
Le croc?
Les couilles dans un étau?
L'incarcérer au secret, un sac sur les yeux, une cave de deux mètres par deux en terre battue, sans chaise ni lit ni seau où se soulager; on diffuse Boulez à plein pot et on le force à regarder des documentaires sur les bienfaits de l'action culturelle? (p 16-17)
Ça étonnerait plus d'un être humain d'apprendre que l'une des caractéristiques de l'être humain est de nier la condition d'être humain à d'autres êtres humains.
La bêtise est une tragédie.
La simplification est une tragédie.
La fermeture est une tragédie.
Le refus des mots, des partages, du langage commun et du langage possible est une tragédie.
Un homme qui réclame dans un café que l'on tue d'autres hommes c'est une tragédie.
Que des hommes approuvent cet homme est une tragédie.
Que je ne me sois pas levé pour lui demander de se taire est une tragédie.
Ce matin-là, tout le monde dans ce café, tous les visages apparus à la télévision, tous les visages imprimés sur les pages de titre des journaux appartenaient à la communauté humaine. Des êtres différents, énigmatiques à autrui comme - parfois - à eux-mêmes, divers, dissemblables, étrangers, autres mais humains. (p 80-81)
samedi 15 juin 2024
Conversation (30) caisse de supermarché (3)
vagues souvenirs de salle de prof, la maison d’Hossegor, la maison de Pau, les études brillantes du fils, le fils médecin, le mariage du fils médecin… une vraie scie, honnie par élèves, à mots couverts son arbitraire, la retraite, bien quinze ans sans la revoir, dans le magasin juste s’effleurer du regard, au moment de payer deux personnes et, carte bleue en main, elle encore, une plainte continue, grise de lassitude la caissière écoute, j’ai tout perdu, la locataire… la queue s’allonge, le York tire sur sa laisse quatre ans et demi…le bourdon de sa voix… impossible de la mettre dehors puis presque dans un cri, élan de la conclusion On va enfin arrêter de protéger cette vermine, gagnée à sa cause, la caissière, Ô oui alors, vous avez raison, dans la queue après une impatience polie, un effroi palpable, se regarder profond et prendre appui, le matin s’est fait glacé, ne pas rester seul
jeudi 13 juin 2024
Un bien bel édito pour
la quatrième édition du festival Le Murmure du Monde, à Arras-en-Lavedan, dans les Hautes-Pyrénées du 13 au 16 juin 24.
Était-ce l’aube ou le crépuscule ? Dans la forêt, nous tendions l’oreille. La neige et le froid s’étaient fait attendre. Silence. La chouette avait changé de domicile. Reviendrait-elle ?
Alors que nous assistons médusé·es à la disparition de l’hiver, alors que nous éprouvons autant que nous l’observons ce basculement du monde et que le désespoir guette, le festival crée une communauté tout à la fois préoccupée et déterminée à donner du sens, à entendre et inventer de nouveaux récits pour le monde.
Car le festival ne prétend pas alerter mais raconter. S’il est une sentinelle, c’est qu’il cherche au plus près de la création contemporaine les indices du changement à l’œuvre. Il fait entendre les voix qui s’élèvent plus ou moins timidement pour raconter ce qui se joue au fond des bois comme au fond de chacun·e.
Une quarantaine d’invité.es viennent cette année encore nous sortir de notre torpeur et de notre inclination à l’anxiété. Le festival est un rendez-vous qui n’est pas triste et le public, de plus en plus nombreux, le sait bien.
Sommes-nous à l’aube ou au crépuscule ? L’affiche de Marine Schneider ne tranche pas. C’est à nous de choisir.
Mathilde Walton, Directrice et programmatrice
et un papier de La Nouvelle République des Pyrénées
et sur ce blog, il y a deux ans, pour la deuxième édition de ce festival
mercredi 12 juin 2024
lundi 10 juin 2024
Petites choses (73) qui surprennent
dimanche 9 juin 2024
Lu et vu (103)
Lu
Entre ciel et terre de Jón Kalfmán Stefánsson
Maddi d’Edurne Portela
De vives voix de Gaëlle Josse
Le Livre des Étreintes d’Eduardo Galeano (éd La Différence)
LA GUIGNE
Tant que dure la guigne, je perds tout. Les choses me tombent des poches et de la mémoire : je perds mes clefs, mes crayons, mon argent, mes documents, les noms, les visages, les mots. Et je sais s'il s'agit d'un mauvais sort, jeté par quelqu'un qui ne m'aime pas ou me veut du mal, ou d'un pur hasard, mais parfois, la dépression tarde à me laisser et je vais de perte en perte, je perds ce que je trouve, je ne trouve pas ce que je cherche, et je ressens l'angoisse profonde de voir la vie tomber de moi par distraction.(éditions La Différence, p 168)
Vu
Spectacles
Akram Kahn
Gustavo Ramírez Sansano
Ohad Naharin
Minus
samedi 8 juin 2024
à pied (19) : de Sévignacq-Méracq à Oloron-Sainte-Marie
pour finir sur plusieurs kilomètres, marcher à l’ombre des grands arbres, murmure de l’eau, oiseaux à qui mieux-mieux,
Oloron, depuis Sainte-Croix, 6 juin, 4 h |
vendredi 7 juin 2024
jeudi 6 juin 2024
mercredi 5 juin 2024
mardi 4 juin 2024
de l’art de la répartie
64 Music Box, Médiathèque de Pau, Thierry Biscary J’ai besoin de voir mon public, faites-moi un peu de lumière sur la salle, ah ! quelques têtes blanches… l’un des six enfants devant au premier rang Et nous, des têtes colorées ?
lundi 3 juin 2024
dimanche 2 juin 2024
Lu et vu (102)
Lu
Le livre du large et du long de Laura Vasquez
Comment tout a commencé de Pete Fromm
Un fils perdu de Sacha Filipenko
Gouverneurs de la rosée de Jacques Roumain
extrait :
« La vieille Délira, effrayée, se signa.
—Je ne déparle pas, maman. Il y a les affaires du ciel et il y a les affaires de la terre : ça fait deux et ce n'est pas la même chose. Le ciel, c'est le pâturage des anges; ils sont bienheureux ; ils n'ont pas à prendre soin du manger et du boire. Et sûrement qu'il y a des anges nègres pour faire le gros travail de la lessive des nuages ou balayer la pluie et mettre la propreté du soleil après l'orage, pendant que les anges blancs chantent comme des rossignols toute la sainte journée ou bien soufflent dans de petites trompettes comme c'est marqué dans les images qu'on voit dans les églises. Mais la terre, c'est une bataille jour pour jour, une bataille sans repos : défricher, planter, sarcler, arroser, jusqu'à la récolte, et alors tu vois ton champ mûr couché devant toi le matin, sous la rosée, et tu dis : moi untel, gouverneur de la rosée, et l'orgueil entre dans ton cœur. Mais la terre est comme une bonne femme, à force de la maltraiter, elle se révolte: j'ai vu que vous avez déboisé les mornes. La terre est toute nue et sans protection.
Ce sont les racines qui font amitié avec la terre et la retiennent: ce sont les manguiers, les bois de chênes, les acajous qui lui donnent les eaux des pluies pour sa grande soif et leur ombrage contre la chaleur de midi.
C'est comme ça et pas autrement, sinon la pluie écorche la terre et le soleil l'échaude: il ne reste plus que les roches. Je dis vrai: c'est pas Dieu qui abandonne le nègre, c'est le nègre qui abandonne la terre et il reçoit sa punition : la sécheresse, la misère et la désolation.
—Je ne veux plus t'entendre, fit Délira secouant la tête. Tes paroles ressemblent à la vérité et la vérité est peut-être un péché. » (Zulma poche, p 34,35)
Vu
Cinéma
Fainéant.es de Karim Dridi
Spectacle